Louise
Impact de l'élevage sur l'environnement (3/8)
Dernière mise à jour : 19 avr.
Un sujet pas aussi simple qu'on aimerait nous le faire croire
Dans les médias ou sur internet, on ne va pas se mentir, l'élevage est accusé de tous les maux. On en dépeint un tableau très noir et on en viendrait presque à culpabiliser de manger de la viande. La réalité, n'est cependant pas aussi simple qu'on aimerait nous le faire croire. Certes, l'élevage a un impact négatif sur notre environnement et doit profondément revoir son modèle. Jean-Louis Peyraud explique d'ailleurs que réduire cet impact est le plus grand défi que le secteur ait à relever. Mais l'élevage rend aussi d'énormes services environnementaux, qui sont trop souvent mis sous couvert. Jean-Louis Peyraud, dans son rapport, va jusqu'à expliquer que l'élevage est le problème d'aujourd'hui mais sera une des solutions de demain. Nous allons tâcher, dans cette partie de vous expliquer pourquoi.
Les effets négatifs de l'élevage sur l'environnement
Quelques chiffres
Nous allons d'abord démarrer par une mise en perspective en regardant les émissions de gaz à effets de serre (GES) par secteur en Europe (étude datant de 2017) :
Secteur industriel : 38%
Transports : 21%
Secteur du tertiaire : 12%
Secteur agricole : 10%
Plusieurs réflexions me viennent quand je vois ça.
D'une part, 10% d'émission de Gaz à effet de serre (GES) pour l'agriculture, c'est toujours trop on est bien d'accord. Mais ces GES sont émis par un secteur qui est là pour nous permettre de manger. C'est surement celui qui a la mission la plus essentielle et c'est pourtant celui qui en produit le moins. Les problèmes prioritaires sont peut-être ailleurs. Mais qu'on soit bien d'accord, ça n'empêche pas le secteur agricole de faire sa mue et de remplir les objectifs qu'il s'est fixé.
D'autres part, on va le répéter et le re répéter, il est complètement faux de dire que le secteur agricole émet autant de GES que le secteur des transports. Cette information est venue de manière erronée d'un rapport de la FAO en 2006. Ils avaient en fait pris en compte toutes les activités autour de l'élevage (transports des animaux, usines de transformations...) alors que sur les transports ils n'avaient pas compté les activités annexes comme l'extraction du pétrole par exemple ! On comparait donc des choux et des carottes. La FAO a fait un communiqué de presse pour démentir l'information et s'excuser mais c'était trop tard, le mal était fait. J'ai encore entendu une personnalité utiliser ce chiffre il y a quelques jours sur un Podcast...
Maintenant qu'on s'est dit ça, l'élevage impacte négativement l'environnement en produisant du méthane, du protoxyde d'azote et du dioxyde de carbone. Les bovins sont les plus gros contributeurs (37% des émissions pour la viande et 19,8% pour le lait). Il impacte ainsi la biodiversité, la qualité de l'air et la qualité des eaux.
Des effets négatifs accentués par la spécialisation et l'intensification

Voici ce qui explique ces émissions de GES sur une exploitation :
Le processus de décomposition pendant la digestion des ruminants : j'y croyais pas mais effectivement les vaches, en digérant, émettent beaucoup de GES (en rotant en fait pour être très concrète). Je n'y croyais pas car ça me paraissait un peu gros de nous faire croire que la vache pollue par elle-même mais c'est bien vrai, le rapport le confirme.
La gestion du fumier : de grosses quantités de fumiers sont produites et aujourd'hui on sait mal les gérer et les utiliser, du coup ils amènent souvent une pollution annexe.
Certaines pratiques ont accentué ces effets :
La spécialisation des régions et des exploitations : on en a parlé, après la seconde guerre mondiale, un vent de modernisation a soufflé sur les exploitations. Pour gagner en productivité, ces dernières se sont spécialisées en faisant que de la culture ou que de l'élevage. Aujourd'hui en Europe, seules 10% des exploitations sont mixtes. Cette spécialisation a même fini par concerner des régions. Par exemple en France : en Bretagne, on a une grosse concentration d'animaux alors que dans le Nord on a quasiment que des cultures. Cela pose un vrai souci puisqu'on ne peut pas profiter d'un cycle agroécologique. Sur une exploitation mixte par exemple : l'éleveur produit ses céréales, il utilise les végétaux non comestibles par l'homme pour l'alimentation de ses vaches puis il utilise le fumier issu des sécrétions de ses animaux comme engrais pour ses cultures. On est dans un cercle vertueux que ne peuvent plus avoir de nombreuses exploitations.
La diminution de la part de prairies : la surface de ces dernières a été réduite de 15 millions d'hectares sur les trente dernières années. Or, ces prairies rendent de grands services environnementaux (cf ci-dessous). Leur diminution représente donc un vrai problème agroécologique.
Son rôle dans la déforestation

Pour terminer sur ces côtés négatifs, l'élevage européen à participé à la déforestation. Là encore je trouve l'histoire incroyable : en 1992 on a signé avec les Etats-Unis les accords de Blair House. Ces accords nous ont obligé, à nous européens, de réduire notre production de soja (on a bien dû avoir quelque chose d'intéressant en échange, je n'ai pas étudié quoi). Du coup, ça nous a forcément rendu très dépendants des Etats-Unis puis du Brésil et de l'Argentine pour obtenir des oléagineux (soja par exemple). C'est comme ça qu'on a importé entre 1990 et 2009 près de 36% de la déforestation... Le soja permet aux producteurs d'améliorer les rendements de leurs animaux