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Les cinq idées reçues sur l'élevage (7/8)

Dernière mise à jour : 19 avr.

Certaines idées ont la peau dure et particulièrement lorsque l'on parle de l'élevage. Les débats, souvent basés sur l'émotion, amènent à utiliser des chiffres mal interprétés voire parfois erronés. J'ai eu la chance d'enregistrer sur le Podcast un épisode avec Jean-Louis Peyraud, Directeur scientifique adjoint à l'INRAE, pour parler de l'impact de l'élevage. En combinant mon travail amont pour préparer l'interview et le savoir que Jean-Louis nous partage, voici quelques idées reçues sur l'élevage et ce qu'il en est vraiment. Bonne lecture !



L'élevage pollue autant que les transports

FAUX. Ça parait complètement fou mais cette information est venue de manière erronée d'un rapport de la FAO en 2006. Ils avaient en fait pris en compte toutes les activités autour de l'élevage (transports des animaux, usines de transformations, utilisation des machines, etc...) alors que sur les transports ils n'avaient pas compté les activités annexes comme l'extraction du pétrole ! On comparait donc des choux et des carottes. La FAO a fait un communiqué de presse pour démentir l'information et s'excuser mais c'était trop tard, le mal était fait. J'ai encore entendu une personnalité utiliser ce chiffre pas plus tard qu'il y a trois jours sur un Podcast...

Voici donc les vrais chiffres, datant de 2017, sur l'émission de gaz à effet de serre en Europe :

  • Secteur industriel : 38%

  • Transports : 21%

  • Secteur du tertiaire : 12%

  • Secteur agricole : 10%

La prochaine fois qu'on vous explique qu'une vache pollue autant qu'une voiture, vous saurez désormais que ce n'est pas vrai 😁


Le régime vegan est le régime alimentaire le plus durable

FAUX. Voici la définition d'un régime durable selon la FAO : "Un régime durable est défini comme étant nutritionnellement adéquat, sain, sur, culturellement acceptable, économiquement viable, accessible et abordable, protecteur et respectueux de la biodiversité et des écosystèmes".

Le régime vegan ne remplit pas plusieurs composantes de cette définition :


1/ "Nutritionnellement adéquat" : Contrairement à ce qu'on entend souvent, l'être humain à besoin d'apports issus de la production animale pour être en bonne santé. En effet, les protéines animales sont les mieux assimilées par l'homme et elles sont une sources riche et parfois unique d'éléments vitaux. La vitamine B12, essentielle à notre bon fonctionnement, se trouve par exemple seulement dans les aliments issus de la production animale. Ces aliments sont aussi très riches en calcium, phosphore, fer, vitamines A, B3, D6, etc... Attention cependant à ne pas trop en manger. Consommée en trop grande quantité, la viande, et particulièrement la viande transformée (ô désespoir la charcuterie entre dans cette catégorie) peut être source de cancer. Il faut donc surtout en consommer de manière raisonnable. L'OMS le dit et le redit, des restrictions en protéines animales peuvent entraîner de graves carences nutritionnelles avec des conséquences pouvant aller de graves à légères. Les produits animaux sont particulièrement importants pour les catégories suivantes : les enfants, les personnes âgées et les femmes jusqu'à la ménopause.


2/ Culturellement adéquat : ici aussi le régime vegan pose soucis. De nombreuses régions du monde sont culturellement habituées à manger de la viande et ne serait pas enclin à s'en passer. Le régime vegan pêche donc aussi sur cet aspect.


3/ Protecteur et respectueux de la biodiversité et de l'environnement : ici c'est plus complexe car nous sommes allés trop loin dans l'intensification de l'élevage et ce dernier a actuellement un impact négatif sur l'environnement, il se doit de revoir son modèle en profondeur. Par contre, comme je le détaille dans cet article, l'élevage rend énormément de services à la biodiversité et à l'environnement. Si nous étions tous végans, il n'y aurait plus d'élevage et nous devrions nous passer de ces services avec un effet in fine négatif sur l'environnement. Pour vous donner un exemple concret, les prairies représentent une magnifique source de biodiversité et captent énormément de carbone. S'il n'y a plus d'élevage, il n'y a plus de prairies. Par ailleurs, une autre idée reçue circule expliquant qu'être végan permet de minimiser les surfaces agricoles utilisées puisqu'on se passe de l'élevage. C'est faux. Prenons l'exemple du blé : l'homme ne peut manger que les grains. Nous ne pouvons pas digérer la tige et les feuilles. C'est là que les ruminants jouent leur rôle le plus utile pour l'homme : ils sont capable de manger ces tiges et ces feuilles pour les transformer en aliments comestibles pour nous (viande et lait par exemple). Les animaux sont extrêmement efficace pour maximiser les apports d'une surface cultivées donnée.

C'est pour cette raison qu'il est aussi faux de dire qu'être végan permet d'utiliser moins de surfaces. Le régime alimentaire permettant une surface agricole minimale contient entre 15% et 30% de protéines d'origine animale (Sur ce chiffre, Jean-Louis Peyraud dans le dernier interview nous explique qu'il s'agit d'une moyenne très globale et que le chiffre varie en fonction de la région et de ses spécificités agricoles) :

  • En-dessous de ce seuil, il n'y a pas suffisamment d'animaux pour recycler la partie non comestible des plantes et les transformer ainsi en protéines (lait, viande). Il faut donc de nouvelles surfaces cultivées pour compenser ce manque de lait ou viande afin de nourrir sainement la population ce qui implique une augmentation des terres nécessaires pour nourrir tout le monde.

  • Au-dessus de ce seuil, il y a trop d'animaux et ils ne peuvent plus se contenter des végétaux non comestibles par l'homme, il faut donc leur donner des aliments qu'on pourrait nous-même manger. Ils font donc concurrence à l'alimentation humaine et les surfaces nécessaires augmentent très vite. Dans ce cas-là, comme vous le verrez dans le graphique ci-dessous, la courbe augmente drastiquement et rapidement.

Voici le schéma de l'INRAE qui illustre très bien cette idée :