Le Bio on en parle beaucoup mais difficile de démêler le vrai du faux. Parle-t-on d'une réelle tendance sociétale ou d'un courant de niche réservé à une élite ? Est-il normal que les produits issus de l'Agriculture Biologique soient plus chers ? en paye-t-on le vrai prix ?
Olivier Nasles, Président de l'Agriculture Biologique à l'INAO (Institut National de l'Origine et de la Qualité), nous a apporté ses lumières en répondant à ces questions dans l'épisode du Podcast "L'agriculture Bio de A à Z". J'ai tiré de cet enregistrement, cinq grand enseignements qu'il me semble importants de retenir :
1. Les Bio c'est la garantie d'absence de produits chimiques....
Une chose est sure, quand un produit affiche la mention "Bio", c'est la garantie que sa production exclue toute utilisation de produits chimiques. Il peut avoir été traité mais uniquement avec des produits d'origine naturelle (engrais à base base de fiente de poules et de plumes, cuivre, souffre, insecticides à base de broya d'insectes...).
2. ...mais ce n'est pas la garantie d'avoir un produit local
Le Bio est mondial. Dans son cahier des charges, il n'y aucune obligation de produire à proximité du lieu de vente du produit. On peut donc consommer en France, de la viande Bio venant d'Argentine par exemple. Les producteurs de viande argentine doivent cependant respecter totalement le règlement européen. Nous avons donc des organismes partenaires dans ces pays qui certifient au marché européen que son cahier des charges est bien respecté. Il est par ailleurs nécessaire que le système de contrôle argentin soit validé par le système de contrôle européen en amont.
3. Le bio est européen et un seul logo permet officiellement de le reconnaître
(et ce n'est pas le logo AB que l'on connait tous !)
Tout le monde connaît le logo "AB" présent sur nos produits (logo n°1 ci-contre). Ce logo est toujours toléré mais ce n'est plus le logo officiel ! Il s'agit en fait de l'ancien logo français. Depuis, le Bio est devenu européen. Un nouveau logo officiel est donc apparu : l'euro-feuille (logo n°2 ci-contre). Seul ce logo fait foi et est obligatoire sur les packagings. Cependant, le logo AB étant le plus connu, les producteurs continuent de l'utiliser en le mettant à côté de l'euro-feuille afin de rassurer les consommateurs.
4. Il est normal que le Bio soit plus cher
Le Bio implique la suppression de l'aide de la chimie. Cela engendre entre 20% et 30% de rendements en moins. Par exemple, le fait de ne plus utiliser de pesticides nécessite de sortir plusieurs fois dans l'année pour désherber son champs. Pour un agriculteur, se convertir en Bio demande donc du temps et des moyens. Il faut investir en matériel (robot désherbants par exemple) et en main d'œuvre.
Il faut également compter trois ans pour qu'un paysan qui pratiquait une agriculture conventionnelle puisse se convertir en Bio. Pendant ces trois années, il va appliquer le cahier des charges du bio (en utilisant plus de pesticides par exemple) mais il ne pourra pas encore vendre ses produits avec le label Bio. Durant cette longue période, il a donc tous les coûts de production du Bio mais il ne peut pas les répercuter sur son prix de vente puisqu'il n'est pas encore autorisé à estampiller ses produits avec le logo de l'euro-feuille. Autant vous dire qu'il faut être motivé pour franchir le cap !
Les coûts de production augmentent et ces derniers sont donc logiquement (bien que ce soit loin d'être toujours le cas en agriculture) répercutés sur le prix de vente. Le Bio est ainsi en moyenne entre 30% et 50% plus cher que le conventionnel dans les rayons.
Aujourd'hui, 40% du Bio est vendu via des circuits spécialisés (type Biocoop). Ces circuits jouent le jeu de la rémunération au juste prix des producteurs. Depuis quelques années, la grande surface entre dans la partie et, comme presque à chaque fois qu'elle entre sur une verticale, explose les prix. Du coup, pour l'Agriculture Bio, la question se pose : faut-il garder le Bio comme un secteur de niche afin que ceux qui le produisent soient bien rémunérés ou faut-il ouvrir le marché au risque de détruire de la valeur ?
5. Le bio est aujourd'hui un secteur de niche mais qui prend de plus en plus d'ampleur
Aujourd'hui, 7% du panier des ménages est composé de produits bio. Avec la crise, le consommateur a pris conscience qu'il était important de bien manger. Ils ont été prêts à consacrer plus d'argent à l'alimentation (alors que d'après les chiffres du Credoc, la part de l'alimentaire des ménages a baissé de 25% à 12% ces dernières années). Pendant le confinement, le bio a explosé avec des progressions à deux chiffres, autour de 17% à 18%. Il y a une prise de conscience écologique globale, pas toujours organisée, mais les consommateurs sont aujourd'hui plus vigilants sur les produits qu'ils consomment et il s'agit là d'un mouvement de fond.
J'espère que c'est article vous aidera à y voir un peu plus clair sur le Bio. Si vous souhaitez aller plus loin, je ne peux que vous recommander d'écouter l'épisode du Podcast "l'Agriculture Bio de A à Z" enregistré avec Olivier Nasles :
ou la version Delivachoo pour tout savoir sur le BIO en moins de 5minutes !
Avec objectivité et franchise, il nous donne toutes les clés pour nous faire notre propre opinion sur le sujet !
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