Une journée au Salon International de l'Agriculture 2023 avec comme thématique : la transition agroécologique
Peut-être que vous ne me connaissez pas encore alors je me présente : Rebecca Green, je travaille avec Louise depuis début Janvier et je suis ravie de pouvoir partager avec vous les expériences que je vis avec La Clé des Champs !
Et en parlant d’expériences, j’en ai vécu une sacrément intense le mois dernier : le Salon International de l’Agriculture. Pour l'occasion, nous avons dédié une de nos journées au salon à un thème central en agriculture aujourd’hui : la transition agroécologique. J’ai eu la chance de me faire accompagner par Louis De Ducla, un photographe passionné, pour vous faire un retour en images de ce moment si hors du temps. Nous avons sillonné les allées des pavillons du parc des expositions de la porte de Versailles pour comprendre la place que tient la transition agroécologique au salon. Nous nous sommes demandé comment elle était abordée par les exposants en assistant à des conférences, ateliers, dégustations...
Pourquoi parle-t-on de transition ?
Mais tout d’abord pourquoi parle-t-on de transition agroécologique ? En effet, on pourrait dire que nombre d’agriculteurs et d'agricultrices travaillaient déjà en adoptant des techniques respectueuses de l’environnement avant même que l’on ne parle de transition. Cependant, bien qu'elle soit d'ores et déjà ancrée dans le quotidien des agriculteurs, nous sommes aujourd’hui face à un défi de taille. Nous devons continuer à produire une alimentation de qualité pour une population croissante tout en ayant un impact positif sur l’environnement. Le tout en maintenant des prix accessibles et rémunérateurs pour les producteurs. Cela peut paraître utopique car il y a beaucoup de travail pour assister producteurs, consommateurs, collectivités… dans cette transition.
Alors que se passe-t-il au SIA pour que chacun et chacune prenne pleinement conscience des problématiques actuelles et puisse mettre sa pierre à l’édifice ? De l'œuf ou de la poule, est-ce la demande ou l’offre qui influence cette transition ? Le fait est que nous avons pu noter que la question de la transition agroécologique a une place importante dans les débats, conférences et stands du salon.
Retour en images de cette journée : voici ce que nous avons noté.
La présence d'institutionnels et de politiques
Pendant les 10 jours du SIA, le parc des expositions de la porte de Versailles devient le nouveau bureau de Marc Fesneau. Il y est présent tous les jours avec plusieurs de ses conseillers et membres du cabinet. Il est en effet essentiel qu’il s’exprime sur les problématiques actuelles et futures du milieu agricole. Plusieurs débats et animations tout au long de la semaine étaient dédiés à l’agroécologie sur le stand du ministère de l’Agriculture. Entre temps d’échange avec les différentes filières (énergie, environnement, interprofession forêt…), quiz, tables rondes et remises de trophées sur l’agroécologie, elle avait bien sa place dans l’agenda ministériel.
Deux événements ont retenu notre attention et font partie d'un ensemble de mesures prises dans le sens d'une transition agroécologique. En effet, Marc Fesneau a annoncé le lancement du plan de soutien à l’agriculture biologique qui a pour but de permettre au secteur de poursuivre sa dynamique malgré la crise actuelle du bio et s'est engagé avec M. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires autour de la décarbonisation avec la signature de la feuille de route décarbonation.
Le SIA est un espace médiatique très important. Il suffit de voir le nombre de journalistes que j’ai croisé à l’espace presse tout au long de la semaine ! Beaucoup de figures politiques en ont donc profité pour passer la porte du salon. En une journée avec Louis nous avons pu croiser Olivier Véran, Jean Castex et François Bayrou. Sans compter les autres jours au salon où j’ai entendu Arnaud Montebourg, Laurent Wauquiez, Marion Maréchal Le Pen… 5 jours après le début du salon déjà plus de 40 politiciens avaient marqué leur présence au salon.
C’est donc le salon préféré des français mais aussi des politiques. Bien que cela soit l’occasion de travailler leur communication, cela permet aussi de mettre en lumière certaines problématiques. Et cette année, le climat et la transition agroécologique étaient les mots d’ordre pour la majeure partie des personnalités politiques.
La présence des syndicats
La FNSEA (la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles), syndicat majoritaire dans la profession agricole dont on voit ici sa présidente Christiane Lambert, est une importante représentante des réalités agricoles. La place de la FNSEA est primordiale dans les problématiques liées aux changements climatiques. Avec son projet “ma Nature, mon Futur, l’Agriculture", la FNSEA met le cap sur l’avenir et décide de souffler sur les braises de la jeunesse pour qu’elle soit motrice des changements agroécologiques.
Le rendez-vous de nombreuses associations
De nombreuses associations ont à cœur d’offrir un temps privilégié aux problématiques agricoles liées aux changements climatiques. En plus de permettre aux agriculteurs de s’exprimer sur le sujet et de partager leur expérience, le temps est aux solutions.
“Demain je serai paysan”, que nous avons trouvée pavillon 4, est une initiative qui vise à promouvoir le métier d’agriculteur auprès des jeunes et à leur donner toutes les informations nécessaires pour se former et s’installer. Dans cette optique, l’association a organisé plusieurs conférences dont « Comment préparer les exploitations au changement climatique ? » avec Agnès Ducharne, directrice de recherche au CNRS. Si la jeunesse est notre avenir à tous, il est essentiel de sensibiliser les futures générations et de les former pour asseoir la transition agroécologique.
Un espace de réflexion : les conférences
Si les associations sont bien motrices dans la création de moments de paroles et d’espaces de réflexion, elles ne sont pas les seules et nous avons pu assister à deux d’entre elles.
Après un sandwich au jambon de Bayonne, un tour dans le dédale des allées du pavillon 4 et quelques photos des lieux, nous sommes arrivés sur le stand d'Agriethique (le label commerce équitable français) où une table ronde autour de la place des femmes dans le monde agricole et des enjeux autour de la féminisation des métiers agricoles battait son plein. Nous ne l’avions pas notée au programme mais les problématiques autour de la transition agroécologique et celles liées à la place des femmes en agriculture nous ont en fait paru s’inscrire dans un combat similaire, voilà pourquoi. Les recherches en sciences sociales sur les bénéfices de la féminisation des milieux professionnels se multiplient depuis quelques années. La mixité d’un milieu permet une meilleure croissance, une meilleure production, une meilleure qualité de vie… Un des rouages du changement de paradigme en faveur de la transition écologique serait donc la féminisation de métiers techniques, d’ingénierie et de décisions. Même si elles restent minoritaires en tant que dirigeantes d’exploitation (27% des non-salariées agricoles en 2020), elles sont de plus en plus présentes dans le milieu. Cette féminisation du milieu agricole évolue conjointement à la transition agroécologique et permet une évolution du secteur.
Ensuite, nous avons enchaîné avec une conférence sur le lien entre les défis environnementaux et les demandes des consommateurs. Lucie Mainard, David Forge, Jérôme Raingeard se sont exprimés sur les problématiques auxquelles ils sont confrontés dans leur quotidien.
Tout d’abord le producteur se trouve face à des choix parfois cornéliens : faut-il faire du bio ? Comment respecter au mieux le bien-être de l’animal ? Peut-on faire sa propre soupe avec un mélange de plusieurs cahiers des charges sans être labellisé ? Mais dans ce cas, comment valoriser ses engagements auprès des consommateurs ? Ce qui est sûr c’est que mettre en place des pratiques vertueuses pour l’environnement a forcément un impact sur l’agriculteur en termes de temps, d’investissements et de rendements et que cela représente une hausse du coût d’un produit à l’achat.
En effet, le choix du consommateur reste une arme importante et c’est lui qui a les clés du paysage alimentaire de demain. Il est nécessaire que les enjeux agricoles entrent au sein des problématiques quotidiennes des consommateurs pour être capable de faire les bons choix. D’après Lucie Mainard des le consommateur doit garder en tête que "quand on achète un produit on permet à un producteur de vivre ou pas" et “qu"il y a des hommes, il y a des femmes, il y a des familles derrière chaque produit". Ceci étant dit, une alimentation saine, respectueuse de l’environnement et rémunératrice pour l’agriculteur ne peut se conjuguer à tous les ménages puisque 4,8 millions de personnes vivent avec moins de 940 euros par mois en 2020.
Les conférences techniques pour des solutions concrètes aux agriculteurs et la présence de chercheurs de renommée internationale
Certaines conférences étaient aussi à visée plus technique pour les professionnels. Nous avons pu assister à l’une d’entre elles à destination des ingénieurs et agriculteurs souhaitant s’intéresser à l’influence du PH et du potentiel redox comme solution pour pallier à l’utilisation de produits phytosanitaires.
Pour animer cette conférence, Vincent Levavasseur du Centre National Agroécologie, Président MSV (Maraichage sol vivant) Olivier Husson, Chercheur CIRAD et Jessica Lecuyer, fondatrice Terre Amany étaient au rendez-vous. L’occasion de les rencontrer en personne et d’échanger avec eux pour tout passionné d’agriculture !
Les stands du SIA et ses exposants engagés
Entre solutions de productions à bas carbone (algues, insectes…) et autres produits éco-responsables, le changement est palpable au sein de l’industrie agroalimentaire, et de nombreux d’exposants ont décidé de le mettre en avant.
Entre autres solutions, la société Lemonaid & ChariTea nous a présenté son modèle économique et social. Sa structure est double : elle est à la fois une entreprise et une ONG dont la première finance la deuxième. Bien que ce sont plutôt des principes sociaux qui ont motivé la création de la société, elle évolue tout de même avec une démarche écoresponsable. Les deux pans sont des vases communicants, soufflés ensemble dès leur premier jour. Leur principe premier est d’être tournés vers le futur, vers des nouveaux modèles plutôt que ceux des entreprises vieillissantes.
L’espace sur le biosourcé, une exposition interactive
Toujours est-il que les générations futures sont d'une importance cruciale pour asseoir la transition. Et la sensibilisation sur le salon était au rendez-vous : l’exposition interactive biosourcée et son labyrinthe éducatif se peuplaient d’enfants ! Et puis ça et là des quizz, des jeux, des activités… des enfants conquis, et on l’espère, les yeux ouverts sur ce qui ne sera plus une transition mais bel et bien une réalité nouvelle.
On vous avait prévenus qu’on avait passé une journée sacrément dense ! Ce qui est certain c’est que le Salon International de l’Agriculture est une vitrine pour les nouvelles pratiques agricoles. La transition écologique y tient d'ores et déjà une place importante et cela montre bien qu’il y a un mouvement de fond qui est en marche. Il ne reste plus qu’à convaincre le plus grand nombre d’agriculteurs, consommateurs, institutionnels, politiques, que ce changement doit être au centre des décisions d’aujourd’hui et de demain.
Louis De Ducla,
Rebecca Green.
Merci encore à Louis De Ducla pour ses photos et d'avoir co-écrit cet article avec moi. Pour le suivre sur les réseaux c'est par ici.
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