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Dans la peau d'une jurée au Concours Général Agricole

Dernière mise à jour : 24 mars

Peut-être que vous ne me connaissez pas encore alors je me présente : Rebecca Green, je travaille avec Louise depuis début Janvier et je suis ravie de pouvoir partager avec vous les expériences que je vis avec La Clé des Champs !


Et en parlant d’expériences, j’en ai vécu une sacrément intense le mois dernier : le Salon International de l’Agriculture. Pour l'occasion, j'ai décidé d'être jurée au Concours Général Agricole le temps d'une matinée. L'inscription s'est faite très facilement sur leur site internet trois semaines avant le début du salon. J'ai donc pu déguster des Crémants de Loire, et ça tombait plutôt bien puisque c'est ma région viticole préférée. Voici comment j'ai vécu ce moment.




L'arrivée au Concours Général Agricole



L'arrivée au hall 7.2 s'est faite sans encombres et j'ai pensé "tout est très bien indiqué". Il y avait au moins une cinquantaine de personnes qui attendaient le feu vert des vigiles pour pouvoir accéder à la session de dégustation de 10h30. Petit à petit le nombre a grandi et de cinquante nous sommes passés à au moins deux cent devant les portes de l'espace de retrait des badges. J'étais impressionnée par toutes ces personnes voulant vivre cette expérience eux aussi, surtout lorsque j'ai intercepté une conversation entre une hôtesse et un juré : elle lui disait que beaucoup de candidatures n'avaient pas pu aboutir car il y avait eu trop de demandes.

Après une petite demi-heure d'attente nous avons pu entrer dans l'espace de dégustation. Un grand nombre de tables rondes étaient disposées en rangs avec au début de chaque rang un panneau indiquant une région viticole. Je me dirigeais donc vers la Loire avec mon numéro de table : le VL49-56. Etant ma première expérience en tant que jurée j'avoue m'être sentie légèrement perdue, je ne savais pas ni combien de temps cela allait prendre, combien de vin j'allais déguster, quel était le système de notation, comment nous allions attribuer des médailles...


J'arrive donc à ma table où deux jurés étaient déjà installés, ce n'était certainement pas leur première expérience. Je prends rapidement connaissance de leurs prénoms, Mélissa est en formation pour devenir viticultrice, Stéphane travaille dans l'alimentation. Raphaël et Alban nous rejoignent à leur tour et complètent la table : nous ne sommes que cinq puisque l'un des jurés ne s'est pas présenté. Avec toute cette agitation je n'avais pas encore noté que nous étions l'une des rares tables où il n'y avait pas de bouteilles préinstallées, avant même que je ne puisse poser la question aux autres co-jurés, Alban, viticulteur, annonce : "ah, pas de bouteilles sur la table ! Vous savez ce que ça veut dire : à nous les bulles !" (car il doit être ouvert en dernière minute pour la qualité de la bulle), avant de nous mettre en garde sur la difficulté d'une telle dégustation.


Bien que j'ai suivi une formation de sommelière en alternance à Bordeaux, je ne me rendais pas vraiment compte de ce qu'une dégustation de Crémants de Loire sous-tendait. Nous allions évaluer 14 crémants différents, blancs et rosés, millésimés ou non. Même si les crachoirs sont là pour nous éviter de boire les 14 vins, le CO² présent dans les vins effervescents fait tout de même tourner la tête, il faut s'accrocher. "Heureusement qu'il y a du pain !" réplique Raphaël. Lui n'est pas du tout issu du milieu viticole ou de l'industrie agroalimentaire mais il a toujours rêvé de pouvoir vivre l'expérience de juré au Concours Général Agricole. Passionné de vin, il a suivi une formation d'une journée financée par le concours pour apprendre les rudiments de la dégustation et être capable de distinguer un vin parmi d'autres.

Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit : le but n'est pas simplement de déterminer s'il plait au dégustateur (ça serait trop subjectif). Il faut pouvoir dire qu'il est au dessus des autres échantillons sur des critères les plus objectifs possibles. La bulle est-elle plus fine que les autres ? Le vin est-il équilibré ? L'acidité contre balance-t-elle la sucrosité résiduelle dans le vin ? Le nez et la bouche sont-ils harmonieux ou bien sont ils trop éloignés l'un de l'autre ? Bref, le but est de mettre à distance ses goûts personnels et de juger un vin pour ses qualités techniques car ce sont celles-ci qui créent souvent un consensus autour d'une table. Alban, le modérateur, grand habitué du concours puisqu'il y a participé aussi en tant que producteur, après avoir répondu à toutes mes questions et nous avoir expliqué le processus de dégustation annonce le début des hostilités.



La dégustation

Je remarque à quel point cette table est éclectique, mais quelque chose nous rassemble : l'amour du vin. Le premier échantillon n'étant pas sur table (car il doit être ouvert en dernière minute pour la qualité de la bulle), Martine s'empresse de nous le servir car "il ne faut pas perdre de temps, quatorze vins ce n'est pas rien !". Pour chaque catégorie, nous dégustons les vins en silence puis faisons un point tous ensemble pour voir à quel point nous tombons d'accord. Pour la première catégorie, nous avons deux médailles à attribuer au maximum, le but n'étant pas forcément de les attribuer toutes si aucun vin ne se distingue des autres. Après avoir dégusté les cinq vins de cette catégorie, nous sommes tous d'accord pour dire que deux vins méritent des médailles et que l'un d'eux est vraiment au dessus : premier consensus. J'étais étonnée par la facilité que nous avons eu à le choisir parmi les échantillons proposés, et c'est bien ce type de vin qui mérite donc une médaille d'or.

Pour les trois catégories suivantes le choix s'avère un peu plus difficile. Et c'est là qu&