Vous en avez sûrement déjà entendu parlé mais tout le monde ne sait pas forcément précisement ce que désigne la transhumance. Cette pratique ancestrale d'élevage consiste à déplacer les animaux vers les pâturages en montagne pour l'été.
Allez, c’est parti pour tout savoir sur la transhumance !
Première info : rappel de la définition
Première information, rappelons déjà en quoi consiste la transhumance !
La transhumance est le déplacement saisonnier de troupeaux. Vous savez, les moutons ou les vaches que vous voyez sur les routes à l'arrivée des beaux jours ou sur des photos. À l'approche de l'été, les éleveurs migrent avec leurs bêtes vers les montagnes pour faire pâturer leurs troupeaux. C'est un moment important pour eux, qui demande beaucoup de préparation, et monter tout ce beau monde en altitude génère un certain stress. D'autant plus qu'il faut aussi amener le matériel nécessaire pour travailler et de quoi vivre pendant plusieurs mois !
Plus l'été avance, plus les bergers montent en altitude. À l'arrivée de l'hiver et des premières neiges, ils redescendent vers leur exploitation en plaine.
Ces migrations existent depuis plus de 5 000 ans et concernent un million d'ovins (c'est-à-dire les moutons ou les chèvres) et près de 200 000 bovins (c'est-à-dire les vaches et les taureaux).
Info numéro deux : Pourquoi transhume-t-on ?
Deuxième information, savez-vous pourquoi on transhume ? Je vous rassure, les éleveurs ne montent pas dans les montagnes pour le plaisir d'avoir de belles gambettes à l'heure du "body summer". La transhumance a deux objectifs :
D'abord, monter en montagne leur permet d'offrir l'herbe la plus fraîche possible à leur troupeau. Et, pour ceux qui transforment le lait en fromage, cela se ressent sur le goût du produit fini. La flore que mangent les animaux n'est pas la même qu'en plaine, car ce ne sont pas les mêmes espèces d'herbes ou de fleurs. Les fromages d'estive sont donc plus goûteux et auront, en tout cas, un goût bien différent de ceux fabriqués pendant l'hiver.
Le deuxième objectif de la transhumance est de laisser l'herbe pousser en plaine, sur les terres autour de l'exploitation de l'éleveur. Il en profitera ainsi pour la faucher, la laisser sécher, afin que cela donne du foin qu'il stockera pour nourrir ses bêtes durant tout l'hiver.
Finalement, la transhumance n'est rien d'autre qu'une adaptation climatique ancestrale pour se prémunir des étés chauds et secs !
Troisième info : la vie en montagne
Parlons maintenant de la vie de berger en montagne. Vous avez cette image en tête quand vous en avez ras-le-bol au travail, c'est décidé : vous allez partir faire berger en montagne. Vous vous y voyez bien, seul dans la montagne avec vos brebis. Bon, alors vous avez l'idée générale, mais gros warning quand même, c'est une vie qui ne convient pas à tout le monde. C'est une vie rythmée par la nature et les animaux, dans des conditions assez spartiates. Les bergers dorment seuls, ou avec leur famille selon les cas, dans des cabanes en pierre avec le strict minimum pour passer l'été. Le travail est relativement rude. Très peu montent le matériel de traite dans les alpages, il faut donc traire matin et soir à la main. À titre d'exemple, Marion Ossiniri, que j'avais interviewée dans le podcast, trait avec son mari et son fils 400 brebis au lever et au coucher du soleil. Cela correspond à deux heures de travail, à deux, non-stop par traite. Il faut aussi courir la montagne pour retrouver LA brebis qui s'est perdue, affronter les tempêtes et le froid matinal. Et puis il ne faut pas oublier d'acheter la baguette de pain le jour de la semaine où l'on descend faire les courses et vendre ses fromages ! Bref, une vie pas comme les autres !
Ceci étant dit, quand on en discute avec les bergers, eux n'attendent que ça, monter dans les montagnes. Ces passionnés se sentent dans leurs alpages en vacances et 100 % dans leur élément. Alors finalement, pourquoi pas vous ? Allez tester un été grandeur nature avant quand même, les bergers cherchent souvent de la main-d'œuvre !
Info numéro 4 - Ce qu'elle apporte aux montagnes
La transhumance est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2020 ! Cela regroupe aussi un ensemble de rituels festifs qui accompagnent le départ des bêtes pour les pâturages, comme les fêtes d’estive. Au-delà de l'aspect culturel de la transhumance, cette pratique du pastoralisme apporte beaucoup à nos montagnes. Les bergers sont vus comme les gardiens de l'écosystème montagnard et entretiennent les paysages. Les animaux qui pâturent permettent, en moyenne montagne, de garder les paysages ouverts et réduisent ainsi les risques d'incendie.
Info numéro 5 - Les menaces en haute montagne : le loup et l'ours
Enfin, dernière info, le pastoralisme en montagne est confronté, comme beaucoup d'espaces naturels, à des conflits d'usage. Entre écologistes, touristes et agriculteurs... pas toujours facile de s'entendre !
Les bergers sont par exemple confrontés, depuis quelques années, à la multiplication des loups et des ours dans leurs montagnes. Si le retour de cette faune sauvage est vu comme une bonne nouvelle, il pose la question de la protection des troupeaux. Et ce sont bien les éleveurs qui sont en première ligne, avec tout le stress et parfois les pertes économiques que cela génère. Certains, se sentant démunis, font même le choix de dormir au milieu de leur troupeau pour protéger leurs animaux.
Pour se protéger, de nombreux éleveurs se munissent de Patous des Pyrénées. Sauf que maintenant, ce sont les conflits avec les randonneurs qui se multiplient, car ces derniers, traversant un troupeau sur leur chemin, se voient attaqués par le Patou qui les garde. Bref, pas facile de concilier tous les usages ! En attendant, si vous croisez un troupeau en montagne, vérifiez qu'il n'est pas protégé par un chien et, dans le doute, contournez-le.
Pour en savoir plus, découvrez le podcast La Clé des Champs :
Écouter l'épisode avec Marion Ossiniri, bergère en estive :
Si vous souhaitez vous immerger au cœur de l'agriculture française, venez écouter le podcast de La Clé des Champs dans lequel Louise Lesparre part à la rencontre des agriculteurs pour échanger avec eux sur leur quotidien.
À très vite !
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